Manifestation collective pour la graine patrimoine de l’humanité

en francesMANIFESTATION COLLECTIVE POUR LA GRAINE PATRIMOINE DE L’HUMANITÉ

Association TEJE ( Travailler Ensemble Jeunes et Engagé­es)
Version originale en espagnol écrite par: Juan Sebastian Rojas, Gersain Villafañe, Valentina Lopez, Viviana Viera y Viviana Jiménez.
Traduit par: Juan Sebastian Rojas, Javier Lozano et Viviana Jiménez.

 

Discours poétique et politique Citoyens français, colombiens et du monde

Toutes les réunions à Paris sont historiques, parce que Paris est une “ville­monde” comme la rêvait Victor Hugo le poète emblématique de France. Un endroit où des peuples avec des histoires différents ont en commun l’histoire des opprimés. Un endroit où ils se retrouvent pour lancer le cri de la multitude infinie des désespérés.

Chaque jour et toujours plus haut, on devrait lancer ce cri. A la Bastille où l’on a commencé cette manifestation, à l’époque de la révolution, de braves et courageux paysans et d’autres pauvres y sont arrivés énervés contre ceux qui détenaient le pouvoir, car au lieu de donner au peuple ce qui leur revient de droit, ils se le partageaient ou l’offraient à d’autres royaumes.

En Colombie aujourd’hui, ceux qui ont le pouvoir exploitent les pauvres et s’enrichissent en leur prenant leurs récoltes, en échange ils leur vendent des graines de la mort et punissent ceux qui ne les sèment pas. Auparavant notre pays était producteur de maïs, de blé, d’orge, d’oignon , de café et de pomme de terre : des produits d’une grande variété et d’excellente qualité… Maintenant, nous devenons importateurs de ces produits !

Pourquoi devons nous suivre avec soumission les desseins du Fond Monétaire International, de

l’Organisation Mondiale du Commerce et des traités de libre échange?
Partout le FMI a mis en place la même politique : l’augmentation de la productivité à tout prix. Ils s’intéressent à la Colombie, parce que l’on est un pays minéral. Ils nous veulent avant tout comme fournisseurs de matières minières non renouvelables, peu leur importe de détruire nos champs et notre économie alimentaire.

En Colombie, on n’a jamais été indépendants économiquement. Le président Carlos Lleras Restrepo, (1966­1970) avait essayé de faire une reforme agraire, mais les grands propriétaires fonciers s’y sont opposés. Dans les années 90 le président César Gaviria nommé “ Le président de l’ouverture économique” avait ouvert le pays aux investisseurs étrangers, en mettant en place les politiques du consensus de Washington et en affirmant que cela amènerait le développement et le progrès. Mais, Quel type de progrès et de développement est celui qu’on nous avait promis ? Le petit producteur Colombie a­t­il les moyens de faire concurrence à une multinationale? Quels sont les véritables intérêts des industries étrangères comme Monsantos, Dupont ou Lagraine ? Depuis très longtemps les multinationales n’ont fait d’autres choses que nous vendre ses surplus.

Le gouvernement colombien, lors du TLC signé avec les EEUU en octobre de 2011 pendant la période présidentielle de Alvaro Uribe Velez, a fait des accords avec la multinationale étrangère interdite en France Monsanto; ainsi que, avec d’autres entreprises productrices d’OGM.
L’ICA ( institut colombien d’agriculture) est aujourd’hui remis en question. Son objectif est de certifier les graines de qualité mais il agit de manière partielle : la grande majorité de graines certifiées appartiennent aux grandes compagnies EEUU et à d’autres multinationales. Ainsi les petits producteurs colombiens sont obligés d’acheter à des prix chers, ce type des graines qui contiennent des pesticides et d’autres produits nocifs pour la terre et la santé. L’ICA semblerait veiller sur les intérêts d’un imaginaire politique et économique et non pas sur ceux des paysans, de la terre et des citoyens colombiens. Aujourd’hui on demande à l’ICA : A qui appartient la graine ? Ne serait­il pas absurde que le paysan ne puisse pas utiliser le meilleur fruit de sa propre récolte ? Quels sont les véritables objectifs des lois portant sur les graines et qui est en train de se bénéficier ou de se voir affecté : les entreprises ou les petits producteurs?

A chaque récolte correspond une catastrophe particulière.
La perte de 70 tonnes de riz qu’ont été jetées au vider, car celles-­ci étaient le fruit des graines non certifiées, comme ce qui est arrivé à Campo Alegre dans le département de Huila en Colombie, où l’on

trouve l’une des meilleures récoltes de riz, est l’expression des objectifs des gouvernements précédents et actuel. On nous remplace la qualité par la quantité en transformant nos récoltes en champs pleins de pesticides génétiquement modifiés.
Dans les zones cafetières, où l’on trouve également des minéraux, on choisit d’exploiter les minéraux au lieu de semer le café. Les petits mineurs artisanaux locaux sont expulsés par la police pour que les multinationales s’y installent tranquillement.

Mais la fête lugubre de ceux qui détiennent le pouvoir est fini !
Depuis le 19 août avec le commencement de la grève nationale agraire et populaire en Colombie, beaucoup se sont soulevés, non seulement les colombiens, mais aussi nos voisins Amérique Latine et d’autres peuples solidaires.
Le décret 9.70 autorise aux forces de l’ordre ­ armée et police­ à détruire les champs qui ne sont pas cultivés avec les graines certifiées. Depuis le Jeudi 5 septembre le décret a été suspendu. La lutte des paysans qui est aussi la notre donne de bons fruits , mais il faut continuer a arroser la plante.
Les tables de négociation du gouvernement avec les paysans ont donné des résultats à court terme et qui ne permettent pas d’en finir avec nos problèmes de fond. Le gouvernement du président Santos a proposé de suspendre le décret 9.70 et de créer une table de négociation sur la graine. Néanmoins, le gouvernement lui­-même, continue a rejeter toute pétition de révision ou reforme aux traités de libre échange, au moins en ce qui concerne l’agriculture. Pendant le dialogue dans ces tables, l’on ne peut pas prévoir ce qui peut arriver, on doit rester attentifs. La création de cette table a pour but principal, de trouver des solutions pour ne pas affecter les petits producteurs. Toutefois, l’usage obligatoire de la graine certifiée se maintiendra.
on ne doit pas oublier que le décret 9.70 fait partie du Traité de Libre Échange signé avec les EEUU, alors demandons nous: Si des décrets de ce genre sont inclus dans les autres treize traités qui ont déjà été signés parmi lesquels celui avec l’UE?
Le gouvernement propose des subventions au secteur agricole pendant deux ans, a fin de faire face aux importations massives de produits qui sont en train d’en finir avec notre agriculture. Tout d’abord une subvention signifie qu’il faudra leur donner de l’argent. D’où sortira cet argent? bien sur, des poches des colombiens ou du budget d’un autre secteur. Cela est bien grave! car l’organisation Mondiale du Commerce, a travers les Traités de Libre Échange pourrait nous accuser de “dumping” ou de “ fausser la concurrence”. En somme, on continuera à importer de la nourriture et a subventionner nos produits? Cela n’est pas une solution! Cela est aberrant!

Ce qui nous pousse aux rues n’est plus un discours politique, mais l’indignation face à autant de peuples ignorés et méprisés par l’état. Néanmoins, la discussion n’est pas si claire. La lutte est ambiguë. Quand on demande aux manifestants pourquoi sont­-ils indignés? ils répondent: “Pour nos paysans” , “Pour nos produits” et pour rien d’autre. La réalité est que ce ne sont pas seulement les paysans qui sont affectés a cause de ce qui nous arrive, mais aussi des milliers de petits et moyens entrepreneurs ! Et tout le peuple colombien!, car le fait que l’on utilise des graines certifiées ­ et pour autant privatisées­ ou que notre nourriture soit importée nos rend vulnérables face aux marches internationaux! Les spéculateurs de la famine!, notre sécurité alimentaire est en risque et notre souveraineté non respectée.

En ce moment on est en train de définir: Dans quel type de pays l’on veut vivre? Quel type de monde voulons nous construire? Quel type de développement est celui que l’on veut? Voudrait­-on un pays où les montagnes deviennent creuses, lors d’avoir extrait tous les minéraux qui s’y trouvaient? Voudrait­-on un pays où l’eau potable et les surfaces cultivables deviennent des ressources rares? Voudrait­-on un pays où le champ ait toujours un taux de pauvreté qui est deux fois celui des villes? Voudrait­-on la disparition des paysans et de ses savoirs ancestraux?

Il y a de plus en plus de pauvres dans notre pays, qui est déjà un des plus inégaux Amérique. La seule chose positive de tout cela, c’est que les pauvres sont de plus en plus nombreux à être unis pour une même cause !

Les grands intermédiaires des multinationales sont les politiciens que l’on choisi. La force publique qui nous attaque, brûle, jette et vole les récoltes de nos paysans est payée par nos impôts. Le président Santos, ordonne militariser les champs et les villes parmi lesquelles Bogotà le 31 Août dernier. On reçoit une réponse répressive à des exigences légitimes. On nous qualifie de guérilleros. Il se peut qu’il y ait des guérilleros infiltrés dans les manifestations qui ont eu lieu dans le pays. Bien sur que cela est possible! Mais il se peut également qu’il y ait des policiers habillés comme des particuliers qui agissent d’une façon violente et démesurée.

Nous tous comme d’une seule voix soutenons aujourd’hui les pétitions des paysans pour nous adresser au gouvernement colombien :
-Nous exigeons l’accès à la propriété terrienne.

-La reconnaissance à la territorialité paysanne

-La participation effective de la communauté et des petits mineurs dans la formulation et mise en place des politiques minières.

-L’adoption de mesures et de garanties réelles pour l’exercice des droits politiques de la population rurale.

-L’investissement social en faveur de la population rurale et urbaine en éducation, santé, habitat, services publiques (eau, gaz, électricité) et voies.

Nous tous ensemble, comme une seule voix pacifique, nous soutenons le leader paysan César Pachon qui disait: “l’importation de nourriture n’est pas nécessaire, nous les paysans sommes capables de nourrir notre pays”.
Nous comme une seule voix pacifique disons aujourd’hui, à l’institut colombien d’agriculture: “Nous n’avons pas besoin des graines certifiées, nos ancêtres n’en ont jamais eu besoin”.

Nous disons au Traité de Libre Échange: “ on vend, on achète mais on ne s’offre pas en cadeaux”
Au Président Juan Manuel Santos nous demandons : “Abrogation du TLC ! pour la vie, pour notre campagne et pour notre souveraineté alimentaire”.

Il n’y a pas une seule puissance qui n’ait pas pratiqué le protectionnisme et mis en place le contraire face à d’autres. comme l’affirme Eduardo Galeano (philosophe uruguayen) dans ce vieux livre rempli de vérités : “Les veines ouvertes de Amérique latine”. Sans se proposer de se fermer jusqu’à la sclérose on a besoin de se protéger ! il faut protéger la terre, la terre­mère!

Nos professeurs nous ont appris à l’école que les indigènes traçaient un cercle sur la terre, le divisaient en parties, en récoltaient une partie et ensuite ils continuaient a récolter une autre, pour que la terre déjà travaillée puisse se reposer. Cette méthode dite “rotation des récoltes” et d’autres ont inspiré les défenseurs de la terre et de l’économie durable et solidaire du Premier monde. Un Premier monde fatigué d’un système qui lui vend café sans café, sucre sans sucre, viande sans viande, vie sans vie et fausses graines !

Jamais ce que l’on achète a été autant le reflet de ce que l’on est devenu. Comme il est agréable d’aller aux marchés traditionnels de n’importe quel coin du monde, marchés où l’on trouve les gens qui récoltent et vendent eux ­mêmes des produits sains. Leur amabilité nous réchauffe pendant l’hiver, saison qui est si dure pour nous. Les marchés traditionnels sont parmi les seuls endroits qui nous font sentir proches de ce que nous sommes.

Proposons des idées nouvelles. Rassemblons nous pour en finir avec tant d’infamie.
Pour un regard distancié et forcement différent pour enrichir nos compatriotes qui sont dans notre pays.

Dès qu’on a touché le sol pour vivre en France nous nous sommes transformé en étrangers d’ici et là. Nous avons la mélancolie du poète François Villon quand il dit : “dans mon pays je suis en terre lointaine”. Une mélancolie créative, la même de Antonio Nariño, des temps de l’indépendance qui a vécu ici et a amené en cachette en Colombie la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Combien de bonnes idées nous pourrions offrir à notre pays !

Dire “Nos paysans” n’est pas un possessif, relisons notre grammaire. Il s’agit plutôt de comment on se situe par rapport à eux, c’est-­à­-dire, avec eux. Leur désir est JUSTICE ! Qu’on les laisse semer ce qu’il faut semer !

“No pasarán” ceux qui nient la nature, ceux qui nous nient en nous voyant comme des esclaves. “No pasarán” les remèdes que nous vendent les mêmes multinationales qui nous intoxiquent avec leurs aliments. Nous avons besoin de plus de santé sociale pour une véritable santé ! Nous ne consommerons pas des produits issus de graines artificielles. “No pasarán” les incendies de cultures provoqués par la propre police. Ces derniers se demandent après pourquoi les paysans bloquent les routes, brûlent des voitures pour finalement se faire appeler “guérilleros”. Nos politiciens en Colombie ont pris l’habitude de qualifier de “criminels” ceux qui luttent pour nos droits !¡No pasarán!

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